Les Indiens établissent facilement la conversation. La grande majorité des voyageurs du train sont des Indiens qui visitent leur pays. D’ailleurs ils sont beaucoup plus nombreux que les touristes occidentaux que nous avons croisés jusqu’à présent. Petit à petit le train s’enfonce dans le désert et le sable rentre de plus en plus dans le wagon.

A 13h, nous voici à Jaisalmer sous un soleil tapant. Cette ville perdue dans le désert est peuplée de 80 000 habitants et est dominée par un fort entouré de remparts. Une sorte de citadelle à la Carcassonne. A la sortie de la gare, il faut affronter le foule des rabatteurs et rickshaws. Nous partons à l’hôtel où notre tour avait programmé un safari dans le désert. Ici c’est l’attraction numéro 1. Une heure de voiture à s’enfoncer dans le désert pour atteindre un petit village, à 100 kms à peine du Pakistan. De là nous montons sur nos chameaux pour une ballade très calme et reposante durant deux heures.

Agréable paysage et contemplation du coucher du soleil à partir d’une dune plus élevée que les autres. Malheureusement, trop de nuages pour profiter pleinement du soleil couchant. Des gazelles nous offrent tout de même un joli spectacle. Après 2-3 heures nous rentrons au village dans un petit camp composé de cases sommaires mais largement suffisantes pour une nuit dans le désert. Le diner avec un Américains et deux Suisses est l’occasion de partager expériences et impressions. Nous avons en commun d’avoir tous pris un tour organisé à partir de Delhi, d’une durée et d’une organisation toutefois différentes. Et nous regrettons tous ce choix, étant donné le prix qui nous casse un peu notre budget de départ. Heureusement notre tour était seulement de 4 jours et nous y avons été obligé compte tenu du remplissage des trains, qui ne nous a pas permis d’effectuer le début de parcours souhaité.

Nous partageons un sentiment en commun concernant le tourisme en Inde : il semble parfois malsain et corrompt les relations beaucoup plus que dans d’autres pays. Le touriste occidental est perçu comme un tiroir-caisse et des pourboires sont demandés en permanence, même pour un service qui n’en n’est pas un. Le moindre extra ou la moindre demande peut être sujette à une facturation excessive ou à une demande de pourboire. La gentillesse des gens travaillant dans le tourisme est souvent intéressée. Les touristes indiens, dont certains sont plus fortunés que la majorité des Occidentaux, ne sont jamais importunés de la sorte. Cette oppressante sensation que l’on veuille en permanence nous sortir de la poche la moindre roupie nous met sur nos gardes et nous rend méfiant. C’est regrettable car beaucoup sont naturellement gentils et veulent simplement discuter ou prendre des photos avec nous. Il ne faudrait pas que les rapports entre les étrangers et les locaux soient de plus en plus corrompus par l’argent du tourisme sans quoi l’Inde risque de perdre cette manne financière dans les années à venir. Aux dires d’une touriste croisée il y a quelques jours, l’Inde qu’elle connaissait il y a 15 ans a beaucoup changée de ce point de vue.

Quand il est dit que voyager en Inde est parfois difficile c’est aussi pour tout ce système qui nous gâche par moment le plaisir de notre séjour.

Ce soir, ne nous étant pas acquittés de la somme demandée pour avoir droit à une danse autour du feu – pourtant initialement incluse dans le tour – nous finissons le repas en discutant de ce pays tellement particulier, parfois éprouvant, mais aussi attachant.

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