J13 – Une fleur hors-norme

Un circuit avec chauffeur

Il nous arrive parfois de laisser de côté nos habitudes de routards pour se permettre un “luxe” tout relatif, celui d’avoir un chauffeur-guide pendant une journée, Eric en l’occurence. Nous avons prévu de visiter la région de Bukittinggi qui se trouve à l’ouest de Sumatra, où le vert de l’environnement domine toutes les autres couleurs. A 8h30 nous partons et savourons le confort d’un mini-van avec climatisation !

La réserve de Palapuh

Le programme initialement prévu par Eric a été adapté à nos désirs car nous souhaitons aller à Palapuh, au nord de Bukittinggi, où il est possible d’observer la plus grande fleur du monde et de boire le café le plus rare et le plus cher de tous.

Arrivés à la réserve de Palapuh, le changement de chaussures s’impose : ce n’est pas dans un jardin botanique que la fameuse fleur se laisse voir mais bien dans la jungle. Nous suivons un guide à travers les rizières et diverses autres cultures et sommes subjugués par la beauté des lieux : des rizières en terrasses tels des escaliers au milieu d’une végétation luxuriante et d’un relief prononcé. Sur le chemin, le guide nous porte au nez des feuilles qui dégagent des arômes que l’on reconnait : citronnelle, cannelle, safran… Un marché en plein air !

Une fois les plantations traversées, nous pénétrons dans la jungle humide au terrain vallonné et glissant de la pluie de la veille et ses inévitables sangsues auxquelles nous commençons à nous habituer malgré la sensation désagréable que cela procure de voir des vers s’agiter sur notre peau tentant de sucer autant de sang que possible.

La raflesia, la plus grande fleur du monde

Plus d’une demi-heure après notre départ, nous arrivons enfin devant la gigantesque raflesia que nous avons la chance de voir encore ouverte, malgré le peu de jours qu’il lui reste à vivre. Cette étonnante fleur qui est endémique à Sumatra et Bornéo a besoin d’un an et demi pour se former, s’ouvre en deux jours et ne reste éclose qu’environ dix jours avant de faner.

C’est actuellement la seule raflesia des environs, autant dire que nous sommes chanceux car dans deux jours elle sera morte et mettra environ quatre ans avant de repousser au même endroit ! Le plus surprenant est évidemment sa taille, qui peut atteindre 1,20 mètre de diamètre ! Celle que nous observons doit avoir environ 70/80 centimètres de diamètre. Nous restons de longues minutes, stupéfaits par cette particularité de la nature qui se fait très rare.

Le kopi luwak, un café très… organique !

A notre retour nous continuons de profiter de la générosité de la région pour goutter au fameux kopi luwak, le café le plus rare et donc le plus cher du monde, lui aussi endémique à l’Indonésie et la Malaisie. Sa rareté vient de sa récolte particulière : à l’origine de ce café il y a un animal, la civette, proche du blaireau, qui vit dans la jungle et s’alimente de grains de café sauvages, autrefois plantés par les colons néerlandais. Tels des fins gourmets, les civettes sélectionnent les meilleurs grains, les ingèrent, les digèrent puis les rejettent dans leurs excréments, mixés avec d’autres fruits et fèves. L’arôme du café est amplifié par les sucs digestifs de l’animal.

En simplifiant le procédé, le café le plus cher du monde vient des selles d’un animal de la jungle ! La récolte des excréments est une opération longue et fastidieuse. La propriétaire des lieux a plus de 150 hommes qui travaillent pour elle, qui parcourent la jungle et ramassent le précieux trésor, ce qui explique le tarif excessivement élevé de ce café. Vendu ici à 150 euros le kilo, il peut atteindre 1000 euros dans certains pays occidentaux après importation.

La méthode de production utilisée ici est naturelle. D’autres méthodes plus souvent pratiquées permettant d’augmenter le rendement le sont moins : les civettes sont en captivité et ne peuvent donc pas choisir les grains qu’elles ingurgitent. Quant au goût, la préparation locale – une simple mise à ébullition du café avec de l’eau – ne nous permet pas de juger correctement ce café, mais son arôme ne semble pas si exceptionnel pour les non-avertis. Une dégustation toutefois très instructive et étonnante.

Visite guidée de la région

De retour au véhicule, notre chauffeur nous amène à un point de vue situé en hauteur offrant un paysage dégagé sur la région. Les rizières en terrasses en contrebas, aux variations de vert et aux courbes qui s’entrecroisent, sont un régal pour nos yeux. Nous en profitons pour déjeuner dans un petit restaurant local avec cette vue panoramique. La visite guidée suit son cours dans l’après-midi avec la visite d’une petite fabrique de café à Sungai Tarab, puis celle du palace Pagaruyung. Durant toute la journée, nous sommes contemplatif devant les beautés offertes par les paysages de la région, avec les volcans Gunung Merapi et Gunung Singgalang qui sont toujours visibles en toile de fond.

Arrivée dans le paradis vert de la Vallée d’Harau

En fin de journée, notre chauffeur nous dépose dans la Vallée d’Harau, un endroit magnifique. La guesthouse Abdi Home Stay est située dans un écrin de verdure, aux pieds des falaises et d’une cascade que l’on entend se déverser depuis les bungalows dont les terrasses offrent une vue sur la large vallée, avec des rizières à perte de vue et le volcan Gunung Merapi en fond de décor.  La basse saison nous permet de choisir soigneusement notre bungalow parmi les sept à la disposition des voyageurs. Ce petit coin de paradis a cependant son inconvénient : sa rusticité. Pas de douche ni de lavabo, mais un petit robinet qui ne propose que de l’eau froide. Un confort toutefois supérieur à celui de notre trek dans la jungle du début de séjour.

Pour finir cette riche journée, nous profitons d’un diner sur notre terrasse à la vue panoramique sur les richesses naturelles de Sumatra avec un délicieux plat préparé avec soin.

Conseils aux voyageurs

– Si vous souhaitez un chauffeur-guide le temps d’une journée à Bukittinggi, vous pouvez contacter Eric, qui peut vous faire un circuit sur-mesure : syaferik@gmail.com.

Voir la raflesia : renseignez-vous auprès de votre guest-house pour savoir si il y a des raflesias dans les environs à votre période.

Réserve de Palapuh : si vous tombez à la bonne période, plusieurs raflesias seront visibles. Equipez-vous de bonnes chaussures de marche et de guêtres en saison humide pour éviter les sangsues.

Kopi luwak : goûtez au plus rare et cher café au monde à deux pas de la réserve de Palapuh, au Raflesia Kopi Luwak.

– Abdi Home Stay : de 120 000 R à 175 000 R. Négociable en basse saison. Magnifique situation, le plus bel endroit où nous avons logé à Sumatra. 7 bungalows rustiques, sans eau chaude ni douche, juste un petit robinet, mais beaucoup de charme. La vue de la terrasse est exceptionnelle : volcan, rizière, colline, vert à perte de vue… L’endroit où il faut loger à Harau !


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